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5 Mars 2024
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Le monde de la supply chain électronique est une succession de crises… Il y a eu la crise des MLCC (multi layer ceramic capacitors), la crise des mémoires, la crise logistique, la crise des composants en silicium, et la prochaine en vue est certainement une nouvelle crise des mémoires. A chaque fois l’histoire est la même : un composant, central ou non, vient à manquer. En soi ce composant peut être une portion infinitésimale du produit final, un grain de sable qui vient gripper la machine, allongeant et complexifiant les temps de production et de livraison.

A contre-pied de cette succession de crises, nous avons vu ces dernières années émerger une grande volatilité dans les besoins du marché, qui peuvent se retourner en quelques semaines, avec des variations de demande vertigineuses. Pour ne prendre que l’exemple de la crise du Covid, les demandes d’équipements internet ont explosées avec le confinement. Du jour où les restrictions ont été levées, celles-ci ont chuté brutalement. Les délais de production et de livraison ne pouvant pas suivre au même rythme c’est toute la chaine qui s’est grippée : surproduction, problèmes de stockage, invendus…

Comment concilier des contraintes de production immuables et cette nouvelle volatilité du marché ? La supply chain des entreprises technologiques est-elle condamnée à subir et à essayer de rattraper le marché ? Le défi organisationnel est au contraire une formidable opportunité à qui sait tirer son épingle du jeu. C’est une occasion pour les entreprises capables de gérer de manière souple et résiliente leur supply chain, pratiquant l’excellence opérationnelle, d’y puiser un avantage concurrentiel très fort.

Au plus fort de la crise des composants en silicium, il fallait plus de 55 semaines entre la commande du donneur d’ordre d’un produit technologique et sa livraison au client final. La demande, elle, pouvait s’effondrer du jour au lendemain. Ce déséquilibre flagrant suffirait à lui seul à ébranler n’importe quel donneur d’ordre. A l’heure du choix d’un partenaire industriel, pour assurer sa continuité d’approvisionnement et de services, l’entreprise commanditaire se doit de regarder l’agilité de la supply chain au même titre que la qualité du produit, son design ou son coût. A offre égale, cela devient un critère majeur de différenciation.

Pour résister à ces nouvelles conditions du marché, la solution réside dans la qualité, la visibilité partagée et la temporalité de l’information. Dans un chaine d’approvisionnement extrêmement complexe et mouvante, le cœur du réacteur est la rapidité et la clarté de l’appréciation de ce qui se passe réellement sur le terrain. Il faut avoir, à un instant T, une vision claire des stocks de chaque composant, des matières premières et des produits finis, des capacités de chaque ligne de production, des problèmes en cours, des délais d’approvisionnement…

Sur le papier c’est simple, dans la réalité cela peut se révéler particulièrement délicat. Un pilotage agile de sa supply chain demande une grande expertise et des outils de pointe. Les informations doivent être accessibles en temps réel. Apprendre une carence d’approvisionnement, une capacité de stockage saturée ou la mise hors service d’une ligne avec seulement quelques jours de décalage peut entraîner un effet boule de neige dévastateur sur les temps de production et de livraison.

La dimension financière doit entrer dans ce pilotage en temps réel. Tous les coûts directs et indirects (stockage à un point donné de la chaine, variations des coûts de composants, impact de la sous-utilisation des lignes…) influent sur le prix final du produit et/ou la marge. Toute décision opérationnelle ne peut être bonne que si les paramètres de temps et de coûts sont connus, maîtrisés et non supposés. Ce double pilotage, opérationnel et financier, en temps réel, est un élément déterminant dans la capacité de résilience d’une entreprise technologique.

Enfin, l’impact environnemental de la supply chain est également à prendre en compte. Ici encore, la qualité de l’information a son importance. En anticipant l’empreinte carbone de telle route ou telle autre, des arbitrages éclairés peuvent avoir et auront de plus en plus de poids. Cela a une valeur pour la planète, cela a une valeur pour le client.

En parlant avec les donneurs d’ordre, et selon les secteurs, on comprend que la qualité de la supply chain d’un fournisseur peut représenter jusqu’à 15 à 20% de la décision d’achat du client. Aujourd’hui, l’entreprise maîtrisant le mieux l’accès à ses flux d’information et capable de les opérationnaliser avec agilité sera la grande gagnante du bras de fer de la supply chain. Elle sera la plus à même d’anticiper les impératifs du marché et de contourner les obstacles qui ne manqueront jamais de se dresser sur la route.